Fidèles lecteurs, mes roudoudous chéris, mes ornithorynques polaires en sucre candy, mes amis, mes amours, mes emmerdeurs ; comme annoncé dans le titre, je confirme, je l'ai bel et bien retrouvée !
Ce n'est pas que je l'avais perdu depuis longtemps mais bon, vous savez ce que c'est, on s'habitue, on s'y attache et le manque se fait rapidement sentir... surtout après plus d'une trentaine d'années à me distraire avec...
Bref, j'avais perdu la Gaule.
Néanmoins attention, graveleux personnages que vous êtes, n'allez pas croire des choses qui tiendraient plus de la science fiction que du domaine du possible, voire de l'imaginable : je ne fais aucunement allusion à une certaine partie de mon anatomie que mon puritanisme exacerbé m'interdit de nommer (je ne vais tout de même pas pousser la bassesse à utiliser le mot « bite » dans un texte pouvant être lu par de jeunes enfants, mon éducation bourgeoise ne me le permet pas).
En plus, je ne voudrais pas avoir l'air de me justifier à ce sujet, mais bon, ce n'est pas pour rien si j'ai été choisi pour interpréter le rôle phare dans l'adaptation cinématographique du célèbre dessin animé « mon petit poney » !
Bref, j'ai retrouvé la Gaule, d'ailleurs je la tenais encore il y a peu dans ma main. Pas la mienne bien sûr (en plus une seule main n'y suffirait pas), mais celle d'un des plus grands héros de la bande dessinée : Astérix le gaulois !
Comme quoi, il est plus naturel d'avoir la Gaule avec Astérix qu'avec Lui (voir mon dernier papier) !
Mais trêve de sous-entendus licencieux et entrons dans le vif du sujet...
C'est en effet la semaine dernière qu'est sorti le 35ème album des aventures d'Astérix, « Astérix chez les pictes »
Vous vous en doutez, j'attendais la sortie de ce nouvel opus avec une vive impatience, et ce pour différentes raisons que je vais d'ailleurs m'empresser de vous exposer... à moins que vous ayez autre chose à faire bien sûr... ? Non ? Parfait, alors je continue !
Tout d'abord, en tant que bédéphile averti, un nouvel album du petit gaulois moustachu et de son compère « un peu enveloppé », ça ne se rate pas ! D'ailleurs, comment passer à côté de ce qui est devenu un véritable phénomène de société... ?
En effet, rien que pour la France, « les pictes » sont tirés à 2 000 000 d'exemplaires ( à titre de comparaison, Titeuf, une autre des plus grosse vente dans le pays, a été tiré à un million) auxquels s'ajoutent 3 000 000 pour le reste du monde !!! On est loin des 6 000 exemplaires du premier tome en 1961... Au total, ce sont plus de 320 millions d'exemplaires vendus à travers la planète en 107 langues et dialectes, rien que ça... Et encore, je vous fais grâce du nombre d'entrées cumulées pour les huit dessin animés et les 4 films (on ne doit pas être loin des 50 millions d'entrées), du C.A. Du parc qui lui est dédié (avoisinant les 2 millions d'entrées par an) ainsi que les autres produits dérivés (jeux vidéos, fringues, jouets, jeux, pub, etc. etc. etc...)
Arrête Titeuf, on t'a reconnu !
Autre raison valable, j'étais curieux de voir le résultat de la première collaboration de Conrad (dessin) et Ferri (scénario), héritiers du couple mythique Goscinny-Uderzo.
Enfin, SURTOUT, je voulais savoir si ce dernier album allait ENFIN relever le niveau et réussir à me faire pardonner les trois derniers albums commis...
Et c'est pas moi qui le dis... mais il n'a pas tort le Jean Pierre !
Dès lors, plantons le décors : TCHAK (bruit que fait généralement un décors, à condition évidemment qu'ils soit planté correctement. Si ce son ne se fait pas entendre lorsque vous plantez un décors, c'est que l'opération a raté et que tout est à refaire) !
Bref, TCHAK : nous sommes en 50 avant Jésus Christ (ou si vous préférez, en 2024 avant WN... d'ailleurs, commencez à vous y habituez, c'est cette échelle de mesure du temps qui sera officielle dès le 1er janvier 2014... le 1er janvier 40 quoi !) ; toute la Gaule est occupée par les romains… Toute ? Non ! Car un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur (pour la suite, veuillez vous référer à n'importe lequel des 34 albums précédents, merci).
J'ai beau connaître cette intro par cœur, je la relis à chaque nouvel album ; tout comme la présentation des personnages principaux d'ailleurs.
J'ai pas trouvé l'image que je voulais, du coup... DITA !!!
Bref, en 2024 avant WN, un pêcheur du village le plus célèbre du 9ème art (d'ailleurs permettez moi d'ouvrir une petite parenthèse supplémentaire : l'hypothèse la plus communément retenue quant à l'identité réelle du village en question serait Erquy, petite ville des côtes d'Armor, non loin de Saint Brieuc, où Uderzo s'était réfugié pour fuir la famine qui faisait rage à Paris durant la seconde guerre mondiale), trouve un homme sur la plage. Dans un piteux état, il est transporté chez Panoramix, le druide, qui déduit que l'homme en question est picte (clan du nord et de l'est de l’Écosse, dont le nom signifie littéralement « homme peint », du latin « pictus »).
Dans Braveheart, Mel Gibson était donc un picte !
Ce qui donne l'occasion à nos deux héros de raccompagner Mac Oloch chez lui et de vivre leurs premières aventures en Écosse (en attendant leurs première aventure dans le Poitou... parce qu'à Durocortorum, Reims pour les intimes, c'est déjà fait) !
Non mais quel cliché, j'vous jure...
Le scénario n'a rien d'exceptionnel, j'aurais même envie de dire qu'il s'inscrit dans la continuité des précédents... ce qui n'a rien d'un reproche, bien au contraire, je trouve que la paire Ferri-Conrad a fait des merveilles (avis qui n'est pas partagé par tous apparemment...).
Je connaissais Jean Yves Ferri à travers sa série phare « Aimé Lacapelle » (paru chez Fluide Glacial) mais aussi, SURTOUT, pour ses scénarios dans les séries « Retour à la terre », « le sens de la vis » et « Correspondances ». Le point commun entre ses trois séries c'est le dessinateur qui leur est associé,homme au talent incroyable, véritable génie du dessin (et du scénario aussi d'ailleurs) : le grandiose Manu Larcenet (dont je crois avoir déjà abordé le talent ici même une fois ou deux par le passé), dont on attend avec impatience la sortie de son prochain chef d'oeuvre... et la consécration ultime via le grand prix d'Angoulème en 2014... ?
Ferri à gauche et Larcenet, comme tous les gens talentueux, porte un béret !
C'est un peu ce qui m'a surpris de la part de Ferri : il ne s'est pas trop lâché au niveau des jeux de mots capilotractés dont il est pourtant coutumier. Et pourtant, mâtin, il y avait de quoi faire, notamment avec les noms des personnages, comme s'est toujours amusé à le faire Goscinny avant lui. A part ça, l'histoire tient la route, l'humour est tout de même présent et le scénariste ne s'est pas géné pour aborder les différents clichés relatifs à l’Écosse dans la psyché collective (kilt, monstre du Loch Ness (« une sorte de grosse loutre », comme dirait Obélix), coutumes et whisky...le côté pingre par contre a été mis de côté).
N'empêche, ils ont des loutres plutôt balèzes en Écosse...
Côté dessin, avec Didier Conrad, on n'a pas affaire non plus à un mickey ! Pour vous faire une idée du talent du bonhomme, il suffit de lire une de ses nombreuses séries (perso, je vous conseille « les innommables » et « Cotton Kid »). Il a d'ailleurs croqué Johnny (qui campe le rôle d'un barde picte : Mac Keul.... avec cette réflexion astérixienne par excellence : « Quoi Mac Keul, qu'est-ce qu'il a Mac Keul ») ainsi que Vincent Cassel (le méchant de l'histoire : Mac Abbeh)
Je me dois d'être honnête : au départ, je ne les avais pas reconnus...
N'empêche, il y a tout de même quelque chose qui me dérange dans les dessins de ce nouvel album... On reconnaît bien sûr les personnages principaux, même les personnages nouveaux et/ou secondaires, sont dessinées avec le style Uderzo, mais il y a tout de même... un truc !
Pas un gros truc non plus (qu'on ressent également dans le dessin de Achdé, qui a pris la relève de Morris dans Lucky Luke)... mais un truc quand même !
Quoiqu'il en soit, ce « truc » devrait échapper aux néophytes et autres profanes de la série, qui passeront tout comme moi un excellent moment de lecture.
En conclusion, pour ma part, je trouve que, même si ce n'est pas le meilleur album de la série, il rattrape aisément les trois dernières « arnaques » en date :
- le 32ème album : « Astérix et la rentrée gauloise » paru en 2003, il n'était qu'une version édulcorée de la version originale prépubliée un peu partout et sortie en album en 1993.
- le 33ème album : « Le ciel lui tombe sur la tête » paru en 2005, il... heu...je ne préfère pas m'étendre d'avantage sur ce qui est considéré, à juste titre, comme le pire album de la série ! En résumé : c'est de la merde !
- le 34ème album : « l'anniversaire d'Astérix et Obélix – le livre d'or », paru en 2009, en un mot : nul ! Quelques planches « soit-disant » inédites, une histoire en pointillé, des dessins publicitaires, rien d'intéressant, mieux vaut se rabattre sur « le livre d'Astérix le gaulois », paru 10 ans plus tôt et beaucoup plus complet... et mieux fait !
Du coup, comparé aux trois derniers, « les pictes » fait office de chef d'oeuvre !
D'ailleurs, quand j'ai acheté ce dernier album, il y avait une petite vieille derrière moi avec le même ouvrage sous le bras, elle n'a pas hésité à dire au vendeur de l'espace culturel Leclerc qu'elle gardait précieusement le ticket de caisse « parce que si l'album est aussi nul que les trois autres, je vous le ramène et vous aurez intérêt à me le rembourser ! » (the mamy's power)
Moralité : les p'tites vieilles, faut pas les faire chier !
Pour le moment peu d'informations on filtré quant au 36ème album... néanmoins, il se murmure que le tandem Ferri-Conrad serait de nouveau aux manettes du prochain album, dont la sortie est prévue pour 2015 : « Astérix chez les bataves » !
Quant au retour des gaulois sur grand écran, ce sera pour novembre 2014, un film d'animation réalisé par l'excellent Alexandre Astier (le roi Arthur dans Kaamelott) : le domaine des dieux.
En conclusion, j'aurais pu vous parler des filles Goscinny et Uderzo, mais je ne veux pas user les touches de mon clavier pour si peu (en plus, en cas d'insultes, elles ont le procès facile les garces ! Hein ? Non, non, je n'ai pas dit « garce »...).
Je préfère conclure par une citation que n'a pas fait Charles de Gaulle :
« Mon seul rival international... c'est... »